Sunday, December 02, 2012

# Caroline Cranskens / Poèmes


La vase et l'infini

Une pluie de veines sur les trottoirs
Comme autant de poussières supposées
Je confonds un à un le 9, le 7, le 1, et le nid du dragon et la cime habitée, et la lune toute petite, attribut du ciel repeint
Je perds la gauche, la droite, et le premier vertige
Je glisse les jetons sur la table
La vieille dame passe le mur
Tous s’abritent et butinent la sève d’un monde redéployé
La vase et l’infini
Le seuil large sous la porte continue de m’emmener
Je m’arrête et quand je m’arrête
Je suis où je ne peux être
Dans le ventre des lianes folles et du béton armé
Se glisse le blues des gares

Le dernier mot
Les mots devenus secs se traînent jusqu’à la source
En résidus de sens au souffle cimenté
Dans le ventre le dernier mot suffoque lourd
S’agite et meurt comme une feuille
Lentement emportée
De jaune de fleurs en vert aveugle
Là où les eaux se mêlent

Avant le temps
Avant le temps
Des fritures sur la ligne
Des accrocs sur ta robe
Et des instants percés
Il faisait absolument noir
Et tout se rencontrait à chaque étage
Plusieurs fois
Ton histoire me retenait sur la route
Au milieu de milliers d’histoires ton histoire
Aux branches de plomb coulées dans le vide
Et aux nerfs malades d’aiguilles
Ton histoire
Aux mille variations
Traversant le feu
Avec une note claire et sèche tenue sous le voile épais
Une promesse d’avant le monde
Qui s’éloignait au loin puis revenait se poser sur la crête
De l’amour intact
Comme un point initial
Suspendu

No comments:

Post a Comment